Les contrats non responsables : une alternative face à l’inflation des complémentaires santé

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Face à l’augmentation constante des cotisations des complémentaires santé, de plus en plus de Français, notamment les retraités, se tournent vers des solutions alternatives pour préserver leur pouvoir d’achat. Parmi ces solutions, les contrats « non responsables » gagnent du terrain sur le marché de l’assurance santé. Bien que leur appellation puisse sembler peu engageante, ces contrats présentent des avantages non négligeables pour certains profils d’assurés. Décryptage d’une tendance qui s’accélère depuis 2023.

Comprendre la distinction entre contrats responsables et non responsables

Pour saisir l’intérêt des contrats non responsables, il convient d’abord de revenir aux origines des contrats « responsables et solidaires », instaurés en 2004 par les pouvoirs publics. Cette initiative visait à définir un socle minimum de garanties et à structurer le parcours de soins des assurés, avec l’espoir de réduire les déficits publics de santé.

Les contrats responsables se caractérisent par :

  • Un panier de soins minimum obligatoire
  • Le respect du parcours de soins coordonnés
  • Des plafonds de remboursements sur certains postes
  • Une fiscalité avantageuse (14,07% de taxe en 2024, contre 20,27% pour les contrats non responsables)

À l’inverse, les contrats non responsables ne sont pas tenus de respecter ce cahier des charges et disposent donc d’une plus grande liberté dans la construction de leurs garanties. Cette souplesse a longtemps servi à proposer des remboursements déplafonnés aux populations les plus aisées, mais connaît aujourd’hui un nouvel usage.

L’inflation des complémentaires santé : un phénomène structurel

L’attractivité croissante des contrats non responsables s’explique en grande partie par le contexte inflationniste qui frappe le secteur de l’assurance santé. Selon l’association de consommateurs Que Choisir, les cotisations auraient subi une hausse médiane de 40% entre 2018 et 2024. Cette augmentation répond à plusieurs facteurs :

Des dépenses de santé en constante progression

Le vieillissement de la population, les avancées médicales et l’inflation des coûts hospitaliers contribuent à une hausse structurelle des dépenses de santé. Les assureurs répercutent logiquement cette évolution sur les cotisations.

L’impact de la réforme 100% santé

Cette réforme, bien que bénéfique pour l’accès aux soins, a considérablement alourdi la charge des remboursements optiques, auditifs et dentaires pour les complémentaires santé. Les assureurs pointent également du doigt des transferts de charges croissants de la Sécurité sociale vers les complémentaires.

Un équilibre économique fragile

Contrairement aux idées reçues, les hausses tarifaires ne semblent pas se traduire par des bénéfices accrus pour les assureurs. Selon le rapport 2022 de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de la Santé, le marché de la complémentaire santé présentait des bénéfices quasi nuls. En 2023, les comptes des opérateurs seraient même passés dans le rouge.

Les contrats non responsables : pour qui et pourquoi ?

Face à cette tendance inflationniste qui ne montre aucun signe d’essoufflement, les contrats non responsables trouvent un nouveau public.

Les retraités, première cible des nouvelles offres

Les retraités, particulièrement touchés par l’augmentation des cotisations, constituent aujourd’hui le principal public visé par les contrats non responsables. Ne bénéficiant ni de contrats collectifs d’entreprise, ni des avantages de la loi Madelin pour les indépendants, ils sont à la recherche de solutions plus abordables.

Depuis 2023, le marché voit ainsi émerger des offres non responsables d’entrée de gamme, spécifiquement pensées pour cette population. Ces contrats vont au-delà d’une simple garantie hospitalisation et proposent des formules plus accessibles, avec des baisses de cotisations pouvant atteindre 10 à 20%.

Les salariés en quête d’une surcomplémentaire

Les salariés du secteur privé, bien que couverts par des contrats collectifs obligatoires (généralement responsables), peuvent également se tourner vers des garanties non responsables lorsqu’ils souhaitent étendre leur couverture via une surcomplémentaire.

Un calcul inadapté pour les travailleurs indépendants

En revanche, les travailleurs non-salariés (TNS) ont peu d’intérêt à souscrire des contrats non responsables, car ils perdraient alors les avantages fiscaux accordés par la loi Madelin, qui permet de déduire les cotisations de l’impôt sur le revenu.

Comment faire le bon choix face à cette alternative ?

Une analyse précise des besoins et des garanties

Avant de céder à l’attrait d’une cotisation réduite, il est crucial d’identifier précisément les garanties qui seront abandonnées en optant pour un contrat non responsable. L’assuré doit s’assurer que ces renoncements ne lui porteront pas préjudice lorsqu’il aura besoin de soins.

Une méthode efficace consiste à analyser les remboursements perçus avec son contrat actuel, afin d’identifier les garanties réellement utilisées et leur importance relative par rapport à la cotisation annuelle.

Explorer les alternatives

D’autres options méritent d’être considérées :

  • La comparaison des offres du marché, rendue possible par la résiliation à tout moment des complémentaires santé
  • L’auto-assurance pour les petits risques, en conservant une couverture pour les risques lourds
  • La création d’une cagnotte santé personnelle avec les économies réalisées sur la cotisation

Cette dernière approche peut s’avérer particulièrement pertinente pour les retraités disposant d’une certaine discipline financière, leur permettant d’éviter les frais de gestion (15 à 30%) et les taxes (14 à 20%) inclus dans les cotisations d’assurance.

Conclusion : responsabiliser son approche de l’assurance santé

Les contrats non responsables constituent une option à considérer sérieusement face à l’inflation des complémentaires santé. Loin d’être systématiquement « irresponsables », ils peuvent représenter une solution économiquement rationnelle pour certains profils d’assurés, notamment les retraités.

Toutefois, cette démarche implique une analyse fine de ses besoins en matière de santé et une capacité à anticiper ses dépenses futures. L’objectif n’est pas de renoncer à se soigner, mais d’optimiser sa couverture en fonction de sa situation personnelle.

Dans un contexte où la taxation des complémentaires santé pourrait encore s’alourdir, comme l’a annoncé le gouvernement Bayrou, la recherche d’alternatives devient plus que jamais pertinente. Le contrat non responsable peut ainsi devenir un véritable outil de responsabilisation, permettant à chacun de reprendre le contrôle de ses dépenses de santé sans sacrifier l’essentiel de sa protection.

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